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Bosnie-Herzégovine / Elections

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Bosnie : Le retour d’un Izetbegovic à la tête du pays


(MFI / 05.10.10) Les nationalistes des communautés qui forment la Bosnie-Herzégovine confirment leur mainmise sur le pays. Seule nouveauté du scrutin du 3 octobre, l’entrée de Bakir Izetbegovic, le fils du premier président de la Bosnie indépendante, à cette présidence collégiale.


Les élections en Bosnie-Herzégovine, dimanche dernier, ne devraient pas apporter les changements tant espérés dans le pays. Les électeurs étaient appelés à des élections générales, permettant de choisir leurs représentants à la présidence collégiale qui compte trois membres : un Bosniaque musulman, un Serbe et un Croate. Chaque membre élu dirigera à tour de rôle la Bosnie-Herzégovine pour une durée de huit mois.

Seul fait notable : un Izetbegovic a fait son retour à la tête de la Bosnie-Herzégovine, Bakir, fils d’Alija Izetbegovic, le premier président de la Bosnie indépendante qui dirigea le pays durant la guerre. Aux couleurs du Parti de l’action démocratique (SDA), une formation nationaliste bosniaque créée par son père, il est élu comme membre bosniaque de la présidence.


La course n’était ouverte que pour le membre bosniaque


Bakir Izetbegovic avait pourtant échoué à prendre le contrôle du SDA l’an dernier, face au « réformateur » Sulejman Tihic - d’ailleurs apparenté à la famille Izetbegovic. Considéré comme un tenant de l’aile « traditionnelle » du SDA, Bakir a tenu pourtant tout au long de la campagne, comme au soir de son élection, un discours de conciliation, appelant au dialogue avec les autres communautés nationales.

Sans surprise, Nebojsa Radmanovic, membre serbe sortant, a été réélu. Il est issu de l’Alliance des sociaux-démocrates indépendants (SNSD), le parti de Milorad Dodik, le « patron » tout-puissant de la Republika Srpska, « l’entité » serbe du pays. De même, Zeljko Komsic a été réélu comme membre croate de la présidence. Ce cadre du Parti social-démocrate (SDP), ouvertement favorable à une Bosnie réunifiée, a récolté un score sans appel - plus de 60 % des voix. Il a bénéficié des voix de nombreux Bosniaques, qui effectuent ce choix « tactique » pour permettre l’élection d’un social-démocrate à la présidence, au grand dam des partis nationalistes croates.

En réalité, la course n’était vraiment ouverte que pour le membre bosniaque.


« La moins mauvaise option possible »


Bakir Izetbegovic n’a dépassé que de peu l’homme d’affaires Fahrudin Radoncic et le membre sortant de la présidence, Haris Silajdzic. « Je suis atterré de devoir le dire, mais je crois que Bakir Izetbegovic représente la moins mauvaise option possible », expliquait au soir du scrutin Srdjan Dizdarevic, tête de liste du parti citoyen Nasa Stranka. La réélection de «Haris Silajdzic aurait signifié quatre nouvelles années de blocage total, tandis que Fahrudin Radoncic est un nationaliste musulman fascisant ».


Selon les résultats encore très partiels disponibles, le SNSD de Milorad Dodik confirme sa mainmise sur la Republika Srpska. Malgré un relatif affaiblissement par rapport aux élections de 2006, les nationalistes croates campent sur leurs petits bastions, principalement les cantons du sud du pays. Dans le camp bosniaque, le SDP annonce une victoire « historique » et ferait jeu égal avec le SDA dans les différents Parlements. Cependant, le grand jeu des tractations et des négociations devrait, comme à l’accoutumée, réserver son lot de surprises. Dans ces conditions, il sera encore bien difficile à la Bosnie de s’engager dans la voie des indispensables réformes et de l’intégration européenne.


Jean-Arnault Dérens






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