Au XX,
l’homme et son rapport au monde à travers la
littérature et les autres arts.
Terminale
bac Pro
Problématique du programme : En quoi le xx siècle a-t-il modelé l’homme moderne ?
Séance 1 : Des témoignages de l’horreur.
Voir annexe séance 1 pour le corpus
Objectifs :
Comprendre comment les écrits peuvent être lus comme un témoignage direct sur les conditions de vie des soldats et sur leur moral loin de leurs familles.
Montrer la spécificité du témoignage de guerre : les témoins sont aussi les acteurs des événements. On ne peut attendre d’eux la même objectivité que celle d’un témoin externe.
Supports :
Le Feu, Henri Barbusse
La chanson de Craonne
Lettres de poilus.
Lecture du corpus
Présenter le corpus (nature, thème, époque etc…) et montrer sur quoi porte son unité (thèmes développés, écrits pendant la guerre, les sentiments ressentis par ces soldats)
Thématisation et problématisation du corpus (idée autour de : qu’est-ce que ces témoignages de soldats nous racontent de la grande guerre ?)
Dans les différents textes :
Relevez les informations qui rendent compte d’éléments historiques + justifier votre réponse.
Problème à régler : la chanson de Craonne fait référence à des faits très précis que les élèves ne peuvent pas obligatoirement comprendre seuls. Donc petite recherche doc en amont ou donner un texte explicatif de cette chanson.
Chanson de Craonne |
Le Feu |
Lettres de poilus |
- guerre de tranchées - la relève - les permissions - Craonne : lieu de l’offensive Nivelle (16 avril 1917) - Plateau : plateau de Californie qui surplombe le village de Craonne. - les embusqués : hommes échappant au conflit. Opposition entre les civils protégés (civelots) et fantassins exposés (purotins) - rébellion : mutineries qui suivirent cet assaut meurtrier (500 condamnés à mort / 26 exécutés) - la mort omniprésente. - les sacrifiés : renvoie à l’idée de chair à canon.
|
- les boches - habits militaires - baïonnette, grenade, masque - les tranchées, la terre, les talus - description des assauts - la mort |
- Marne - cadavres - champ de bataille - vie quotidienne (nourriture-latrines-promiscuité- saleté-les correspondances- - mutineries - peloton d’exécution -mensonges de la propagande - conditions de vie
|
Comment est caractérisée cette guerre ? Quel point de vue est développé par ces soldats ? Vous vous appuierez sur les différents procédés d’écriture afin de justifier votre réponse.
Chanson de Craonne : Champ lexical de la mort / caractérisation de la guerre (infâme) / opposition (argent / mort)
Le feu : ponctuation / phrases courtes / pronoms personnels « on » donne l’impression de déshumanisation : chaque homme a perdu son identité, c’est un homme qui va mourir / personnification (flammes acharnées) / superlatifs (si épaisse que…)
Lettre de poilus : champ lexical de la mort / passages descriptifs / caractérisation (triste travail) / écriture du moment
Quelles valeurs historiques ont ces documents ?
Bilan
Plusieurs façons de témoigner : lettres, autobiographie, chansons.
Mais dans tous ces écrits on retrouve les mêmes thèmes (difficulté à se nourrir / l’atrocité des combats etc.)
Importance de témoigner d’une réalité vécue, de faire connaître au monde la réalité nouvelle de la guerre.
Cette écriture du moment rend ces témoignages bouleversants, authentiques (les sentiments sont vrais). L’auteur ne fait pas de travail de distanciation.
Témoignage : déclaration de ce qu’on a vu, entendu, servant à l’établissement de la vérité. Cette position externe garantit son objectivité. Or dans témoignages de guerre subjectivité.
Séance 2 : L’héroïsme en question : (évaluation formative ?)
Voir annexe séance 2 pour le corpus
Objectifs :
Réinvestissement des notions abordées précédemment.
Définir la notion de propagande.
Supports :
Corpus de documents de propagande (cartes postales/ Affiches/ dessins/ BD/ extrait de roman/ Chanson populaire).
L ecture du corpus.
A quelles réalités renvoie chacun de ces documents ? (scène de tranchée/homme mobilisé/femme qui attend son mari/ privations liées à la guerre/ gueules cassées/ …)
En quoi ces hommes sont-ils élevés au rang de héros ? (qualités + cibles manipulées) Exaltation des valeurs guerrières.
En quoi peut-on dire qu’il s’agit d’une représentation idyllique de la guerre ? Amplification jusqu’à l’absurde / représentation mièvre / déformation du réel.
A l’aide du corpus, définissez les caractéristiques du document de propagande.
Donner un numéro à chaque document + tableau pour faciliter l’analyse (ex : donner les qualités aux élèves : recherche dans le dico si ils ne connaissent pas le mot)
Séance 3 : De la difficulté à raconter l’indicible.
Objectif :
Déterminer quels sont les procédés utilisés pour raconter l’indicible.
Problématique : Quel sont les moyens utilisés par les auteurs pour faire ressentir la violence et l’absurdité de la guerre ?
Corpus : extrait n°1 Owen Wilfred Dulce et decorum pro patria mori ; extrait 2 des croix de bois Dorgelès (sujet bac 2005) ; ; extrait 3 extrait Voyage au bout de la nuit de Céline ; extrait 4 Le grand troupeau Giono p 72 et une planche de Tardi (que le texte).
Mise en œuvre :
Travail préparatoire : Lecture personnelle à la maison de l’ensemble du corpus.
Par 4 : chaque élève hérite d’un texte à travailler. Il choisit 3 pistes de lecture qui semble le mieux convenir à son texte et justifie ses choix par un travail d’analyse personnel.
Il rend à l’oral le résultat de ses recherches au groupe qui valide son travail.
Rédaction d’un devoir par groupe sur ordi avec respect d’une pagination unique pour le devoir. En conclusion le groupe essaiera de résumer les éléments trouvés par chacun et qui répondent à la problématique
Voici les pistes de lecture envisagées :
La déshumanisation des hommes.
Portrait péjoratif des soldats.
Une bataille pour rien
Portrait d’un colonel.
Un soldat perdu au milieu des combats.
Un récit imagé de la violence des combats.
Evocation d’un charognard…
Un lieu hostile et dangereux.
La remise en cause du proverbe latin.
L’enfer des gaz asphyxiants.
Un soldat désabusé en proie à la panique.
Le désordre du champ de bataille.
Voici les textes et éléments de réponse :
Texte 1
NB : Ce poème est une traduction d’un poème anglais. Il ne conserve ni les rimes ni le rythme du poème initial.
Dulce et decorum est.*
Pliés
en deux comme de vieux mendiants sous leur sac,
Cagneux1,
toussant comme des vieilles, nous jurions dans la fange,
Quand
enfin nous tournâmes le dos aux éclairantes.
Nous
avions pris la longue route de notre lointain repos.
Les hommes
marchaient endormis. Beaucoup allaient sans chaussures.
Avançaient
en boitant, les pieds en sang. Tous estropiés, aveuglés,
Saoul
de fatigue, sourds même aux huhulements
Des 5.92
lents, dépassés, qui tombaient derrière
eux.
Gaz ! Gaz ! Vite, les gars ! En panique on
déballe,
On passe juste à temps les masques
encombrants....
Mais quelqu'un hurle encore, titube,
Se
débat tel un homme dans le feu et la chaux....
Forme
vague derrière les verres troubles, l'épaisse lueur
verte,
Comme au fond d'une mer je le vis se noyer.
Dans
tous mes rêves, sous mes yeux impuissants,
Il s'écroule
à mes pieds, crache, suffoque, se noie.
Si toi
aussi, dans tes cauchemars, tu pouvais suivre
La charrette dans
laquelle on jeta
Et voir ses yeux blancs rouler dans sa face,
Sa
face pendante, comme d'un démon malade de son péché,
Si
toi aussi, à chaque cahot3
tu pouvais entendre
Le sang couler à gros bouillons de
ses poumons rongés,
Obscène tel un cancer, amer
comme le pus
de plaies atroces et incurables sur des langues
innocentes-
- Alors, mon ami, tu ne raconterais plus avec tant
d'allant4
A
des enfants avides de gloire désespérée
Ce
vieux mensonge: Dulce et decorum est
pro patria mori.
"Il
est doux et glorieux de mourir pour la patrie"
Wilfred OWEN 1893-1918.
*Dulce et decorum est pro patria mori est une expression latine utilisée parfois en français, tirée d'une strophe du poète Horace, qui signifie « Il est doux et glorieux de mourir pour sa patrie ».Ce texte est bien connu et souvent cité par les partisans de la Première Guerre mondiale, au moins à ses débuts. Il revêtait donc une signification particulière pour les soldats de l'époque. NB : Cette citation est gravée au fronton de la chapelle de l'Académie Royale de Sandhurst, l'école des officiers de l'armée britannique.
Piste de lecture
Le récit d’une anecdote :
Au retour du combat, un groupe de soldat est pris dans des gaz asphyxiants. L’un d’eux meurt et est transporté dans une charrette.
Les portraits des soldats :
Portrait péjoratif des hommes : « des mendiants » dans une position pitoyable. Ce sont des infirmes « boitant », « estropiés », « sourds », ils ont du mal à voir dans les masques à gaz. Ils sont l’antithèse du héros : Il tourne le dos au combat, ils jurent, ils somnolent…
L’enfer des gaz asphyxiants :
syntaxe du début de la seconde strophe montre la panique. les soldats sont aveuglés : « on » « quelqu’un ». On n’identifie plus son voisin.
La couleur verte des verres des masques à gaz lui donne l’impression qu’il est sous l’eau et que le soldat se noie.
Les gaz provoque une mort horrible : rythme ternaire : « crache, suffoque et se noie. », « la face pendante » montre la souffrance du malheureux. Les yeux et le sang qui sort de ses poumons. Comparaison avec un cancer putréfié.
La remise en cause du proverbe latin :
Le poème exhorte à l’héroïsme. Pourtant ici les « héros » sont comparés à des vieilles, des sous hommes malades et fragiles. (cf. portrait des soldats).
Interpellation du lecteur pour qu’il prenne conscience des horreurs vécues.
« langues innocentes », « enfants avides de gloire désespérée » rappel de l’enthousiasme « artificiel » crée par le gouvernement pour inciter les jeunes à partir au combat.
« vieux mensonge » évoque la citation latine proverbial. Ce n’est pas parceque c’est un proverbe que c’est vrai.
Annexe : à lire pour enrichir l’explication.
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Wilfred Owen (1893-1918)
Dulce Et Decorum Est
Par Robert Ferrieux
Le marbre romain a depuis longtemps volé en éclats. Beau titre, tout de même, pour un poème de guerre, surtout lorsque s'en mêle l'ironie décapante d'un jeune poète après presque trois années de lutte.
Un poète très prometteur
Nous sommes en 1917 et le carnage continue. Wilfred Owen a vingt-quatre ans et il est lieutenant en second du Régiment de Manchester. Il s'était engagé en 1915 dans l'unité des Artists' Rifles, c'est à dire des « Fusils des artistes ». C'est un artiste, en effet, depuis environ quatorze ans : son domaine d'élection, la poésie. L'époque permet d'en vivre, surtout quand on a du talent, et Wilfred Owen se profile comme le futur Keats du XXe siècle. Ses vers sont lestés de la même densité de sens et d'atmosphère, avec des sons qui restent longtemps en bouche, comme si on les mangeait lentement avec une parfaite délectation. Il cultive son art tout au long de ses études et le poursuit même dans les tranchées.
Un poète et la guerre
Ce n'est pas la première fois qu'il se trouve en France. Il aime notre pays, y a même travaillé comme répétiteur à l'École Berlitz de Bordeaux avant l'absurde 1914. Mais de la France, ses poèmes ne reflètent plus que le bruit du canon, les chairs déchiquetées, ce qu'il appelle « la pitié, la pitié de la guerre » (« the pity, the pity of war »). Il n'est pas le seul : un grand ami, rencontré dans un hôpital d'Édinbourg, lui-même poète, peut-être encore plus réaliste que Wilfred Owen, d'une ironie plus mordante aussi : c'est Siegfried Sassoon qui échappera à la mort et qui, en 1916, s'est rebellé, lançant une proclamation à ses supérieurs officiers-généraux, qu'il accuse de poursuivre artificiellement le combat à des fins économiques, et renonçant à rejoindre son corps d'armée. Il a réclamé la cour martiale et, suprême humiliation, on la lui a refusée, préférant le garder quelque temps dans un institut spécialisé. L'affaire avait fait grand bruit et les jeune gens qui mouraient cousaient sous leur vareuse le texte de sa proclamation.
L'incompréhension
Wilfred Owen, comme tous ses camarades, constate avec amertume le mur d'incompréhension entre le front et l'arrière : ces hommes sales et amaigris, hagards et malades, parfois saisis de tremblements incoercibles, n'intéressent personne. La vie continue à Londres, les théâtres sont bondés, les quartiers huppés continuent le fox-trot et le charleston, les jeunes femmes s'essaient à de nouvelles modes, très seyantes au demeurant. Certains poètes officiels et vieillissants (Thomas Hardy, l'auteur de Tess d'Ubervilles et George Meredith, qui a écrit l'admirable The Ordeal of RIchard Feverel [ « L'épreuve de Richard Feverell »]) entonnent toujours le clairon de la gloire et publient des hymnes et des péans de facture martiale.
Que cela est loin de la réalité de la guerre ! À l'hôpital de Craiglockhart, Wilfred Owen a jeté quelques lignes sur un brouillon. Il réussira à les porter à la perfection entre deux attaques du côté de Wimy, puis, lors d'une permission, dans le Nord de l'Angleterre. Le plus ancien manuscrit date du 8 octobre 1917. Il l'avait adressé à sa mère, avec une petite note : « écrit hier pendant une attaque au gaz asphyxiants ».
La mort d'un poète
Le poème, donc daté du 8 octobre 1917, ne pourra, hélas, être publié qu'en 1920, et à titre posthume.
Trois semaines plus tard, Wilfred Owen meurt au combat, tué par un tir de mitrailleuse allemande. Il avait reçu l'ordre de faire traverser une rivière à son unité et se préparait à mettre à l'eau. L'épais brouillard du matin se leva et les mitrailleuses embusquées au haut du talus fauchèrent de nombreux hommes et, en particulier, l'un des plus grands poètes de la littérature. Cela se passa le 4 novembre 1918, vers 6 heures, lors de la grande offensive finale à Ors près du Cateau Cambraisis, une semaine à l'heure près ou pas loin avant que ne sonnât l'armistice.
Le poème
Le poème est composé de vingt-huit pentamètres iambiques (u —) libres : c'est Owen qui parle : un groupe de soldats, « ivres de fatigue », est contraint de se frayer un chemin « dans la gadoue » pour s'abriter des obus explosifs de 150 mm (les « Cinq-Neuf ») qui tombent à leur arrière. C'est alors que s'abattent autour d'eux des obus à gaz asphyxiants.
Après la description des faits, Wilfred Owen martèle une à une, en un flashback de cet immédiat passé auquel il associe le lecteur, chacune de ses visions perçues à travers la vitre glauque du masque à gaz : l'homme s'écroulant comme dans un puits de feu, ses poumons se vidant de leur sang, le corps balancé dans un fourgon. Litanie d'horreurs baignée d'une lumière d'un vert menaçant et mortel, le nuage toxique du gaz. Sans concession, le réalisme du poète conduit le lecteur pas à pas vers la conclusion à la fois grave et revendicatrice. Est-il légitime de poursuivre le mensonge de la gloire et de la beauté de la guerre ?
Une dédicace amère
Pour l'ensemble du poème et, plus particulièrement, sa dernière strophe, on dispose d'un commentaire explicatif : une dédicace de Wilfred Owen à Jessie Pope. Cette bonne Jessie, poétesse sans talent mais propagandiste civile, encourageait — « avec ce bel entrain » — les jeunes hommes à partir au combat en des vers de mirliton enthousiastes et racoleurs.
Ainsi, Who's for the game?
Who’s for the game, the biggest that’s played, The red crashing game of a fight? Who’ll grip and tackle the job unafraid? And who thinks he’d rather sit tight? |
Qui veut aller jouer, au plus grand de tous les jeux, Le jeu rouge et fracassant du combat ? Qui saisira et affrontera sans peur ce boulot ? Et qui pense qu'il préfère rester dans son coin ? |
Une première version du poème est dédié à Jessie Pope. Une correction ultérieure modifiera cette dédicace, désignant désormais, avec dédain semble-t-il, « une certaine poétesse », même si l'ultime version ne laisse rien apparaître, Owen ayant sans doute décidé de s'adresser à l'ensemble des partisans de la guerre. De fait, l'interpellation de la dernière strophe renvoie bien à l'intention initiale : le you, par son ambiguïté, s'adresse soit à Jessie Pope en personne, soit à la foule ignorante de ses semblables ou, plus vraisemblablement, aux deux.
Conclusion : Horace bien mal revisité
Le texte d'Horace, souvent cité par les partisans de la guerre, revêtait une signification bien plus amère pour les combattants qui y voyaient la négation et le rejet, au nom de l'héroïsme patriotique, de leurs souffrances.
Pourtant, la première phrase, Dulce et decorum est pro patria mori, reste gravée au fronton de la chapelle de l'Académie Royale de Sandhurst, l'école des officiers de l'armée britannique.
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Texte 2 : Écrivain et journaliste français, Roland Dorgeles est engagé volontaire dès 1914. À la fin du conflit, il publie Les Croix de bois, roman dans lequel il raconte ses souvenirs de guerre. L’extrait ci-dessous décrit une attaque surprise des Allemands dans un cimetière, la nuit.
- Ils attaquent !
Gilbert et moi avons bondi ensemble, assourdis. Nos mains aveugles cherchent le fusil et arrachent la toile de tente qui bouche l’entrée.
- Ils sont dans le chemin creux !
Le cimetière hurle de grenades, flambe, crépite. C’est comme une folie de flammes et de fracas qui brusquement éclate dans la nuit. Tout tire. On ne sait rien, on n’a pas d’ordres : ils attaquent, ils sont dans le chemin, c’est tout...
Un homme passe en courant devant notre trou et s’abat, comme s’il avait buté. D’autres ombres passent, courent, avancent, se replient D’une chapelle ruinée, les fusées rouges jaillissent, appelant le barrage1. Puis le jour semble naître d’un coup ; de grandes étoiles blafardes crèvent au-dessus de nous, et, comme à la lueur d’un phare, on voit naître des fantômes, qui galopent entre les croix. Des grenades éclatent, lancées de partout. Une mitrailleuse glisse sous une dalle, comme un serpent et se met à tirer, au tir rapide, fauchant les ruines.
- Ils sont dans le chemin, répètent les voix.
Et, aplatis contre le talus, des hommes lancent toujours des grenades sans s’arrêter, de l’autre côté du mur. Par-dessus le parapet, sans viser, les hommes tirent. Toutes les tombes se sont ouvertes, tous les morts se sont dressés, et, encore aveuglés, ils tuent dans le noir, sans rien voir, ils tuent de la nuit ou des hommes.
Cela pue la poudre. Les fusées qui s’épanouissent font courir des ombres fantastiques sur le cimetière ensorcelé. Près de moi, Maroux2, en se cachant la tête, tire entre deux sacs dont la terre s’écroule. Un homme se tord dans les gravats, comme un ver qu’on a coupé d’un coup de bêche. Et d’autres fusées rouges montent encore, semblant crier : « Barrage ! Barrage ! »
Les torpilles3 tombent, par volées, défonçant les marbres. Elles arrivent par salves, et c’est comme un tonnerre qui rebondirait cinq fois.
- Tirez ! Tirez ! hurle Ricordeau2 qu’on ne voit pas.
Abasourdis, hébétés, on recharge le lebel4 qui brûle. Demachy, sa musette déjà vide, a ramassé les grenades d’un copain tombé et les lance, avec un grand geste de frondeur. Dans le fracas, on entend des cris, des plaintes, sans y prendre garde. Il y en a certainement qui sont ensevelis. Un instant, les fusées découvrent un grand mort, couché sur une dalle, tout au long comme un homme de pierre.
En rafale, notre barrage arrive enfin, et une haie rouge de fusants3 crève la nuit, en tonnant Les obus3 se suivent, mêlant leurs aiguillées, et cela forge une haie de fer au-dessus de nous. Percutants3 et fusants se plantent furieusement devant nos lignes, barrant la route, et, empanaché de fusées, claquant d’obus, le cimetière semble vomir des flammes. D’un parapet à l’autre, les hommes courent sans savoir, trébuchant, se poussant. Beaucoup culbutent, la tête lourde, les reins pliés, et les tombes en vomissent toujours d’autres, dont les shrapnells3 et les fusées découvrent les silhouettes traquées.
Au centre, devant le saint impassible, les torpilles piochent, hachant les soldats sous les dalles, écrasant les blessés au pied des croix. Dans les tombes, sur les gravats, cela geint, cela se traîne. Quelqu’un s’abat près de moi et me saisit furieusement la jambe, en râlant.
Les coups précipités nous cognent sur la nuque. Cela tombe si près qu’on chavire, aveuglé d’éclatements. Nos obus et les leurs se joignent en hurlant. On ne voit plus, on ne sait plus. Du rouge, de la fumée, des fracas...Quoi, est-ce leur 88, ou notre 75 qui tire trop court ?... Cette meute de feu nous cerne. Les croix broyées nous criblent d’éclats sifflants... Les torpilles, les grenades, les obus, les tombes même éclatent. Tout saute, c’est un volcan qui crève. La nuit en éruption va nous écraser tous...
Au secours ! Au secours ! On assassine des hommes !
Roland DORGELES, Les Croix de bois, 1919.
1 tir d’artillerie effectué en avant des troupes ennemies pour arrêter leur attaque.
2 Maroux, Ricordeau : des soldats, compagnons du narrateur.
3 torpilles fusants, obus, percutants, shrapnells : projectiles d’artillerie remplis d’explosifs
4 lebel :fusil de guerre.
(Vous retrouvez ici le corrigé détaillé du bac de français (épreuve 2005). Affirmation 1 et 2). La 3 c’est de moi…
Le désordre du champ de bataille.
Emploi de sujets qui désignent de façon indéterminée, imprécise, les auteurs de l'action
soldats allemands désignés implicitement par "ils" (lignes 1,4, 6).
pronom indéfini "on"qui renvoie aux soldats français (ligne 6, ligne 11).
emploi répété du nom "homme(s)" qui ne permet pas d'autres caractérisations, sujet de plusieurs verbes d'action (lignes 8, 14, 15, 16, 18) ; on ne sait s'il s'agit de soldats français ou allemands. De plus imprécision renforcée par le déterminant "un homme ... des hommes ... les hommes".
tournures impersonnelles, qui généralisent : "Tout tire" (ligne 6), imprécision du sujet (qui est désigné par "tout" ?) comme si l'ensemble des présents sur le champ de bataille, pas seulement les hommes, crachait de la mitraille ; le feu semble venir de partout (cf. "lancées de partout" ligne 11 ; "Cela pue la poudre" ligne 17)
Construction du texte, syntaxe
variations sur la longueur et le rythme des phrases : phrases brèves (ex : "Tout tire" ligne 6 ; "Cela pue la poudre" ligne 17) ; phrases longues, souvent segmentées, comme si elles mimaient la rapidité des actions mais aussi l'éclatement des projectiles, juxtaposant des actions et des réalités.
présence de très nombreux verbes, principalement des verbes d'action, associés, juxtaposés, avec un effet d'accumulation (cf par exemple lignes 8 et 9 : "D'autres ombres passent, courent, avancent, se replient"
Réseaux lexicaux
l'aveuglement dû tout à la fois à l'obscurité et à la lumière, brève et violente, brutale : "nos mains aveugles cherchent le fusil" (ligne 2) "encore aveugles" (ligne 16) "dans la nuit..." (ligne 6) "d'autres ombres... des ombres" (lignes 8 et 17) "flambe" (ligne 5) "flammes" (ligne 5) "éclate" (ligne 6) "le jour semble naître d'un coup" (lignes 9 et 10) "grandes étoiles blafardes" (ligne 10) "comme a la lueur d'un phare" (ligne 10) "ils tuent dans le noir sans rien voir" (ligne 16) "les fusées..." (ligne 17) "d'autres fusées rouges... " (ligne19) "on ne voit pas" (ligne 23)...
le bruit "le cimetière hurle... crépite" (ligne 5) "une folie... de fracas qui brusquement éclate" (ligne 5) "des grenades éclatent" (ligne 11) "une mitrailleuse se met à tirer" (ligne 12) "les torpilles tombent ... c'est comme un coup de tonnerre qui rebondirait cinq fois" (lignes 21 et 22) [nombreuses allitérations].
emprunts au registre du fantastique par le lexique, la présence des éléments caractéristiques du fantastique : décor ("chapelle ruinée" "une dalle" "grandes étoiles blafardes"...), phénomènes étranges ("toutes les tombes se sont ouvertes, tous les morts se sont dressés..." (ligne 15) "des ombres fantastiques sur le cimetière ensorcelé" (lignes 17 et 18). Ce registre contribue à la perte de repères rationnels, accroit ainsi l'impression de confusion.
[D'autres exemples sont acceptables. D'autres procédés peuvent être relevés qui contribuent à accroitre l'impression de confusion : réseau lexical de la violence, du bruit, comparaisons, métaphores... ]
Un récit imagé de la violence des combats.
Lexique
le bruit : "Dans le fracas on entend des cris, des plaintes" (ligne 25) "en tonnant" (ligne 28) "claquant d'obus" (ligne 30) "cela geint" (ligne 35) "en râlant" (ligne 36) "en hurlant" (ligne 38) "des fracas" (ligne 38)...
le déchirement, l'éclatement : "aiguillées...haies de fer.... se plantent..." (lignes 28 à 30) "des torpilles piochent, hachant... écrasant" (ligne 34) "des croix broyées nous criblent d'éclats sifflants" (lignes 39 et 40)...
la souffrance des hommes : "Abasourdis, hébétés." (ligne 24) "des cris, des plaintes" (ligne 25) "il y en a certainement qui sont ensevelis" (ligne 26) "écrasant les blessés" (lignes 34 et 35) "en râlant" (ligne36)...
la brutalité : répétition de l'adverbe "furieusement" (lignes 30 et 36)
Images
métaphores filées : "une hale rouge de fusants" (ligne 28) reprise en "une hale de fer" (ligne 29) puis développée "se plantent devant nos lignes. .. barrant la route" (lignes 28 à 30) ; "le cimetière semble vomir des flammes" reprise "des tombes en vomissent ... d'autres" (ligne 32) développée "un volcan qui crève. La nuit en éruption" (ligne 41)...
métaphores : "mêlant leurs aiguillées" (ligne 29) "des torpilles piochent" (ligne 34) "Les coups ...nous cognent sur la nuque" (ligne 37)...
comparaison : "un grand mort ... couché comme un homme de pierre" (lignes 26 et 27).
(D'autres images, d'autres réseaux lexicaux peuvent être repérés : l'explosion et la dispersion, le flux, la course et l'action... J
Un soldat perdu au milieu des combats.
Il est dès le départ dépassé par les événements. Il se sent handicapé : « assourdis », « les mains aveugles ». Plus loin, sans réaction, ils sont « abasourdis, hébétés » et enfin « on ne voit plus, on ne sait plus ».
Le narrateur n’a alors pas de comportement individuel mais suit aveuglement ce qu’on lui dit de faire. Il mentionne à peine qu’il recharge son fusil, preuve de l’inutilité d’une réaction. Ce comportement individuel traduit bien l’isolement de l’homme dans ce fracas.
Texte 3 : « La guerre est une imbécillité infernale » (p 12 FR. Term Hachette) L.F. Céline Voyage au bout de la nuit.
Piste de lecture :
Un soldat désabusé en proie à la panique :
le héros parle plus qu’il n’écrit. Le registre de langue est familier et soutenu à la fois : Certaines expressions : « moi d’abord », « j’ai jamais pu la sentir » l.5 sont familières. Mais les tournures de phrases ou expressions sont aussi du registre soutenu « serai-je donc … ? » « effroi », « je le concevais »…
Il nous fait partager ses sentiments sur la situation et sur les hommes qui l’entourent. (C’est un monologue intérieur). Il est tour à tour étonné puis effrayé par son colonel (voir plus loin), il n’est pas enthousiaste à l’idée de se retrouver en pleine campagne. Il panique même à l’idée que la guerre ne puisse jamais s’arrêter et détruise tout. Exprime enfin son regret de s’être engagé dans cette guerre et revendique sa lâcheté. La panique s’exprime dans l’ampleur de la phrase l.23 l.29.
Il est désabusé en constatant que c’est la bêtise des hommes qui va le tuer. « Nous étions jolis » : la litote exprime bien l’amertume et les regrets du personnage de s’être engagé dans la guerre.
Un lieu hostile et dangereux :
La nature ici évoquée concoure à créer un climat hostile : on y évoque les bourbiers les maisons vides, les chemins sans issue. Même le vent y est brutal, et les feuilles des peupliers « tombent en rafale » allusion métaphorique évoquant les balles.
Ce lieu est hostile parce que le narrateur est aussi un parisien et qu’il dit son aversion pour la campagne comme s’il s’agissait d’une personne (peut-on dire personnifiée) : « moi la campagne […] j’ai jamais pu la sentir ». Peut-être sont-ce aussi les odeurs de la campagne (de pourriture de lisier et autres) que l’auteur évoque en jouant sur le double sens.
Le personnage du colonel :
Il est tout d’abord l’opposé du narrateur : « d’une bravoure stupéfiante » (s’oppose à la lâcheté). La tranquillité d’esprit supposé du personnage est soulignée par la comparaison entre la situation présente et l’attente d’un ami sur le quai de la gare. « il se promenait ».
Son point de vue évolue : « ce colonel, c’était donc un monstre » ! parce qu’il n’imagine pas qu’il va mourir. En effet, il le compare à un chien, pour montrer peut-être l’absence de conscience de sa condition mortelle mais aussi pour imager la fidélité envers son maître ici la France et l’absence de réflexion propre.
Texte 4 : extrait (p 72 Nathan technique) le grand troupeau de Jean Giono et extrait du texte de la planche de BD de Tardi (p40).
Extrait 1 :
On entendait passer le silence avec son crépitement électrique. Les morts avaient la figure dans la boue, ou bien ils émergeaient des trous, paisibles, les mains posées sur le rebord, la tête couchée sur le bras. Les rats venaient les renifler. Ils sautaient d’un mort à l’autre. Ils choisissaient d’abord les jeunes sans barbe sur les joues. Ils reniflaient la joue puis se mettaient en boule et ils commençaient à manger cette chair d’entre le nez et la bouche, puis le bord des lèvres, puis la pomme verte de la joue.
Jean Giono, Le grand troupeau, 1931.
Extrait 2 :
Ce texte est un extrait d’une planche de BD de Tardi, dont on a gardé que le texte.
« Gaspard », on l’appelait… il s’était mis à chasser des rats pour la prime : cinq sous la queue. Il nous revendait de la mauvaise gnôle et trafiquait dans toutes les directions. Une nuit que l’eau avait inondé la cagna5 un pauvre type fut noyé. Mais Gaspard, lui, réussit à s’en sortir. […] Gaspard avait une mauvaise réputation. On disait qu’il partait la nuit en expédition entre les lignes pour détrousser les cadavres. On disait aussi qu’il les bouffait, ses bestiaux, qu’il s’en faisait rôtir les bons morceaux. Cette charogne, c’est un peu comme s’il avait boulotté les copains qui s’étaient fait tuer. On disait sur lui des tas de trucs qu’on n’a jamais pu vérifier. Ce qui était sûr, c’est qu’il puait le rat crevé et qu’on s’en éloignait. Quand on l’a découvert, des dizaines de gros rats qui avait trouvé le gîte et le couvert dans son ventre, se sont fait la malle à contre cœur. Il était tout maigre et en deux morceaux, Gaspard…On a eu du mal à le reconnaître.
Jean Tardi, C’était la guerre des tranchées, 1993.
Piste de lecture :
Un récit détaillé de la vie dans les tranchées : on n’est pas dans le récit de bataille mais dans l’anecdote de la vie de tous les jours. La valeur des imparfaits d’habitude le souligne. Le registre de langue nous montre aussi qu’on est dans la « petite » histoire.
Evocation d’un charognard… En plus de l’horreur de la guerre, l’évocation des rats renforce l’idée de saleté. Les hommes deviennent de la nourriture pour une bête infecte. Le détail du repas des rats nous dégoûte parce qu’il est possible qu’on soit le suivant.
La déshumanisation des soldats : ils sont ici soit des morts « personnifiés » : « ils émergeaient des trous » (: des morts vivants !) soit des anthropophages avec le comportement bizarre de « gaspard » qu’on peut assimiler aux rats : il se sort de la noyade des égouts, mange des rats mangeurs d’homme, sent le rat…
Conclusion :
La guerre de tranchée est un fait nouveau : il faut témoigner de ce carnage en trouvant des moyens d’expression adaptés :
(syntaxe)Grâce aux pistes de lecture on peut se rendre compte que les auteurs s’impliquent dans leur récit (surtout à la première personne, dans un registre familier) : Volonté de vulgariser la littérature pour la rendre plus réaliste. On nous parle de la vie de tous les jours, le récit n’est pas romancé.
(récit)Ils écrivent sur un enfer qui les transforme eux (utilisation du on comme si il n’avait plus de conscience personnelle, portrait péjoratif du soldat qui panique, les soldats sont déshumanisés, se comporte comme des rats ou des chiens). Les humains sont physiquement et psychologiquement écrasés par les événements. Dès lors l’image et les valeurs du soldat sont remises en cause (plus flagrant chez Céline ou Owen).
(lexique)Cet enfer est métaphorisé pour être mieux saisi : hostilité des lieux, Scène de combat proche de l’apocalypse, présence « fantastique » de fantômes, de morts vivants. Le vocabulaire et le lexique tournent autour de la maladie et de la mort.
Séance 4 : C’était la guerre des tranchées, Tardi.
Activité 1 : lecture en autonomie de la bande dessinée + compléter un tableau synoptique.
Objectif
Comprendre l’organisation générale de la bande dessinée.
Consigne : Complétez le tableau suivant en rendant compte des faits chronologiquement.
Lecture complète de la BD à la maison. Afin de faciliter l’activité de « remplissage » de tableau, donner un tableau à trous (les élèves ont à compléter soit la page, soit la date, soit les thèmes qui correspondent). Activité notée.
Pages |
Dates |
Thèmes |
p. 31-32 |
SANS DATE |
Introduction : le cadre physique de la guerre des tranchées absurdité et inhumanité de la guerre. |
p. 35-37 |
2 AOÛT 1914 |
la mobilisation et les réactions qu’elle suscite l’hystérie nationaliste |
p. 56-62 |
AOÛT 1914 |
invasion de la Belgique et du nord de la France premiers combats réfugiés et otages |
p. 72-85 |
29 AOÛT 1914 |
absurdité de la guerre fraternisation répression militaire |
p. 86-99 |
JANVIER 1916 |
vie quotidienne du soldat omniprésence de la mort répression militaire |
p. 55 p. 63-71 |
12-20 OCTOBRE 1916 |
vie quotidienne du soldat mépris militaire de la vie humaine réactions psychologiques extrêmes : désespoir et suicide antisémitisme |
p. 33-34 p. 38 |
25 NOVEMBRE 1916 |
vie quotidienne du soldat omniprésence de la mort |
p. 41-52 |
27 NOVEMBRE 1916 |
les offensives inutiles et sanglantes répression militaire : les fusillés pour l’exemple |
p. 53-54 |
SANS DATE |
réactions psychologiques extrêmes : mutilations volontaires |
p. 39-40 |
MARS 1917 |
vie quotidienne du soldat réactions psychologiques extrêmes : terreur panique |
p. 9-14 |
OCTOBRE 1917 |
le cadre physique de la guerre |
p. 15-18 |
OCTOBRE 1917 |
vie quotidienne d’une compagnie repliée à l’arrière |
p. 19 |
OCTOBRE 1917 |
les nouvelles armes : l’aviation |
p. 20 |
OCTOBRE 1917 |
répression militaire |
p. 21-28 |
OCTOBRE 1917 |
vie quotidienne du soldat horreur et absurdité de la guerre réactions psychologiques extrêmes : désespoir |
p. 100-101
|
JANVIER 1918
|
vie quotidienne aux tranchées |
p. 104-107
|
JANVIER 1918
|
la vie des civils les femmes au travail |
p. 106-111
|
JANVIER 1918
|
les nouvelles armes : les gaz les blessés sur le champ de bataille |
p. 113-121 |
1918
|
résumé-bilan de la guerre une guerre vraiment mondiale les troupes coloniales et la contestation du colonialisme |
p. 122-123
|
SANS DATE
|
blessés, mutilés, « gueules cassées » |
p.124- 126
|
11 NOVEMBRE 1918
|
absurdité de la guerre fin des combats |
p. 112 |
FIN 1918 |
bilan détaillé de la guerre |
Conclusion :
Montage de la bande dessinée multiplie les glissements chronologiques, locaux, thématiques, retours en arrière etc.
Il ne s’agit pas de l’histoire de la 1ère guerre mondiale racontée en BD, mais d’une succession de situations non chronologiques. Il n’y a pas de héros, pas de personnage principal. Ce n’est pas la narration d’une vie mais le récit d’un destin collectif devant la guerre.
Activité 2 : étude spécifique et approfondie.
Le 27 novembre 1916 (p. 41-52).
Résumé.
La 3e compagnie du 115e régiment d’infanterie monte à l’assaut. L’un des soldats, Jean Desbois, a le pressentiment de sa mort prochaine. L’offensive se déroule dans des conditions épouvantables : les hommes, ne pouvant avancer en raison de la violence du feu, se replient sur la tranchée de départ. La moitié de la compagnie (57 sur 120) a péri. En dépit des tirs de l’artillerie française qui arrose la tranchée pour les contraindre à remonter à l’assaut, les survivants ne bougent pas. Le général Berthier veut tous les faire fusiller, mais il se « contente » finalement de trois soldats pris au hasard, dont Jean Desbois.
Qu’est-ce qui dans le dessin de Tardi rend son récit crédible et poignant ? Par quels moyens Tardi rend-il compte de l’horreur ?
- Dimension des vignettes : Vignette longue (16/9ème ). Cadrage cinématographique. C’est une sorte de film muet. Grande ouverture de champ.
- Noir et blanc : enlève tout espoir. La mort est annoncée dès la première vignette « mauvais présage ». L’usage du noir et blanc installe une sensation physique d’oppression, d’angoisse, qui plonge le lecteur dans « l’ambiance » de la guerre. Ce sentiment est renforcé par la présence de planches entièrement composées d’images sans commentaire ni action, mais qui montrent les paysages dévastés, les duels d’artillerie, les explosions. Ces planches recréent l’impression des champs de bataille que l’on peut voir sur les documents filmés d’époque.
- Traits épais renforcent cette pesanteur.
- Détails des uniformes, des vêtements… : Une BD au dessin réaliste. Travail d’historien fait par Tardi pour rendre sa BD réaliste.
Pas de dialogue et très peu de discours. C’est un narrateur qui raconte l’histoire (dates, sentiments, etc.). Des citations, en particulier celles de partisans de la guerre (officiers, religieux etc.), sont placées en regard d’images qui les rendent absurdes et choquantes. Ainsi apparaît de manière frappante l’écart entre la propagande officielle, la guerre imaginée, fantasmée, forcément héroïque, exemplaire, et la réalité sordide, atroce, vécue dans les tranchées.
La dramatisation du récit et des images permet ainsi de percevoir l’omniprésence de la mort.
Voir en particulier les 3 vignettes de la page 46
Légère contre-plongée, sujet de profil : Spectateur témoin
A qui appartient cette baïonnette au premier plan : figure t-elle la résistance de l’ennemi ?
Sert-elle de lien ou préfigure t-elle la mort prochaine du soldat ?
Que porte t-il vers l’autre ? Un drapeau, un fusil illusoire, est-ce bien un geste de protection ?
Bien entendu, malgré la dépersonnalisation produite par l’uniforme, il ne s’agit pas du même soldat dans les 3 vignettes. C’est à dire que la mort foudroyante frappe en maints lieux identiques, de manière semblable un nombre indéfinissable d’hommes. La scène est ainsi mise
est dans une continuelle répétition.
J. Tardi utilise ces actions faussement successives comme des rimes visuelles :
Le soldat saigne en V1 et annonce la balle. La V2 semble répondre au déséquilibre de la V1 = léger zoom sur l’instant à fixer, visage de face, position centrée du personnage qui semble avoir avancé.
Le mouvement du corps est contradictoire par rapport à celui du fusil et des bras, ce qui produit l’aspect disloqué. Le bras matérialise avec la giclée de sang la trajectoire du projectile que l’on parvient presque à voir ! la jugulaire du casque projeté en arrière (hors champ car dérisoire) intensifie la violence de l’impact en prolongeant une « virgule » de sang.
Le regard du personnage semble suivre lui aussi cette trajectoire, comme stupéfait…
La dernière case indique le mouvement de l’assaut qui reprend inexorable, que la mort des hommes ne peut arrêter. Les trois personnages représentent le mouvement de la charge indiqué par les 3 positions différentes des baïonnettes.
Le lecteur se tourne enfin vers le texte pour répondre à l’énigme que le dessin lui soumet.
Le narrateur rapporte alors une citation qui par contraste avec l’action montrée paraît d’un cynisme sans borne. Divorce absolu entre le discours patriotique et l’horrible réalité !
Activité écriture : Vous êtes le soldat Jean Desbois. Juste avant d’être exécuté, vous écrivez à votre femme. Vous lui faites part de la réalité de cette guerre de vos sentiments.
Séance 5 : étude d’un extrait d’« Un long dimanche de fiançailles » un film de Jean Pierre Jeunet.
Adaptation cinématographique du livre de Sébastien Japrisot du même nom.
Accroche : Questionnement sur le sens du titre.
Questionnaire sur les treize premières minutes du film.
Sur l’intrigue du film
Expliquez comment et pourquoi les soldats se mutilent volontairement pendant la guerre 14-18. Donnez des exemples tirés du film. Quels risques encourent-ils ?
Le thème de l’histoire est dramatique, cependant, Sébastien Japrisot y a glissé des notes plus légères qu’on retrouve dans l’extrait. Relevez trois épisodes du film. Qu’apportent-ils au film selon vous ?
L’extrait comporte des scènes violentes ou choquantes. Dites lesquelles vous ont le plus choqué(e) et expliquez pourquoi (deux scènes).
Sur la construction du film
Par quel procédé cinématographique Jean-Pierre Jeunet différencie-t-il les scènes de guerre des scènes de la vie ordinaire ?
L’histoire est-elle racontée de façon chronologique ? Pourquoi est-il intéressant de l’employer pour amorcer l’histoire ?
Votre avis sur le film
Quel aspect de la 1ère Guerre Mondiale avez-vous mieux compris grâce à ce film ?
NB : On peut aussi en lecture analytique partir sur ces axes que les questions abordent :
Cet extrait dénonce certains aspects de la guerre 14-18 : les conditions de vie (et de mort), l’hostilité des soldats face à la guerre, les mutilations, l’attitude de l’état-major en temps de guerre…
Cet extrait met en place une histoire d’amour. (on passe de l’histoire « officielle à l’histoire personnelle ou romancée)
Un extrait à la narration complexe et amusante malgré l’évocation des tranchées : les retours en arrières, le cas des cinq condamnés puis le passage en temps présent de la narration. La diversité des tons (assez propre à Jeunet) d’une évocation à l’autre.
A- Sur l’intrigue du film
Expliquez comment et pourquoi les soldats se mutilent volontairement pendant la guerre 14-18. Donnez des exemples tirés du film. Quels risquent encourent-ils ?
Les soldats se mutilent volontairement pour être renvoyés chez eux et échapper à la guerre. Par exemple, Benoît Notre Dame se tire une balle de fusil dans la main, et Manech se fait tirer dans la main en brandissant une cigarette au-dessus de la tranchée. Ils courent le risque d’être jugés pour désertion et d’être exécutés.
Le thème de l’histoire est dramatique, cependant, Sébastien Japrisot y a glissé des notes plus légères ou tendres qu’on retrouve dans l’extrait. Relevez trois épisodes humoristiques du film. Qu’apportent-ils au film selon vous ?
La scène du menuisier.
Célestin Poux apporte aux soldats de la nourriture qu’il cache sous son manteau.
Les soldats « anticipent » en creusant avant l’attaque du lendemain (humour noir).
L’humour apporte un peu de répit au spectateur (c’est la politesse du désespoir)
L’extrait comporte des scènes violentes ou choquantes. Dites lesquelles vous ont le plus choqué(e) et expliquez pourquoi (deux scènes).
Voici deux scènes qui m’ont choquée :
Manech reçoit sur tout le corps les morceaux du cadavre de son camarade qu’un obus a fait exploser.
Les soldats vivent au milieu de cadavres mutilés, déshumanisés, en cours de décomposition.
Pourquoi toute cette violence à l’écran ? Volonté de montrer la guerre dans toute sa cruauté, je pense.
B Sur la construction du film
Par quel procédé cinématographique Jean-Pierre Jeunet différencie-t-il les scènes de guerre des scènes de l’enquête de Mathilde ?
C’est par l’éclairage que les scènes de guerre (qui se passent en 1917) et les scènes d’enquête (qui datent de 1920) sont différenciées, celles-ci étant montrées dans des teintes jaunes. Jean-Pierre Jeunet a pu obtenir ce résultat soit en faisant développer la pellicule, soit avec des effets spéciaux numériques.
L’histoire est-elle racontée de façon chronologique ? Comment appelle-t-on ce procédé ? Pourquoi est-il intéressant de l’employer pour raconter cette histoire ?
L’histoire n’est pas racontée de façon chronologique, mais à l’aide d’une série d’analepses –ou retours en arrière, utilisés pour raconter la guerre, mais aussi l’enfance de Mathilde et Manech et leur histoire d’amour. Ce procédé est intéressant car il permet au spectateur de se mettre à la place de Mathilde et de mieux la comprendre : les analepses, ce sont ses souvenirs. Celles qui évoquent la guerre permettent de rendre plus vivants et plus clairs les récits des témoins comme Esperanza, Célestin Poux, ou Benoît Notre Dame. Elles permettent de créer un effet de suspense puisque la vérité est dévoilée de façon progressive, au fil des analepses. Mathilde va ensuite chercher les détails qui lui manquent auprès des témoins des événements. (On peut ici voir le passage avec Esperanza qui suit le premier extrait) 5 minutes.
C Votre avis sur le film
Quel aspect de la 1ère Guerre Mondiale avez-vous mieux compris grâce à ce film ? (3 points)
Personnellement, j’ai mieux compris ce qu’était la vie quotidienne dans les tranchées et la façon dont les poilus se battaient face aux Allemands. J’ai également appris que les soldats se mutilaient pour échapper à la guerre et que ces mutilations étaient punies de mort.
Pour vous aider à vous y retrouver dans l’œuvre.
Les 5 condamnés
Kléber Bouquet, dit « Bastoche »
Sa fiancée : Véronique Passavant. Son ami, Ptit Louis, tient un bar passage de la Main d’Or à Paris.
Sa profession : menuisier
Mutilation : une balle de révolver dans la main, mais c’est un accident (en voulant tuer des rats)
Francis Gaignard, dit « Six-Sous »
Sa profession : soudeur, à Bagneux.
Il est communiste. Mutilation : il se brûle en touchant une mitrailleuse.
Benoît Notre Dame, le paysan de la Dordogne. Il a tué un officier qui frappait les morts.
Mutilation : une balle de fusil dans la main.
Ange Bassignano, le Corse qui porte bien mal son prénom. Il était en prison, on l’a envoyé au front (on l’a laissé choisir).
Sa gagneuse (prostituée) s’appelle Tina Lombardi.
Mutilation : une balle de fusil dans la main.
Manech Langonnet, dit « le Bleuet »
Sa fiancée s’appelle Mathilde, c’est l’héroïne du film.
Mutilation : se fait tirer une balle dans la main par les Allemands, en brandissant une cigarette au bord de la tranchée.
Autres personnages à bien repérer :
Sylvain et Bénédicte, oncle et tante de Mathilde, qui l’élèvent depuis la mort de ses parents.
Pierre-Marie Rouvière, avocat des parents de Mathilde, qui veille sur ses intérêts et sur elle.
Mathilde, l’héroïne, a appris la mort de son fiancé en 1917 mais refuse d’y croire. Elle décide de mener son enquête pour le retrouver. Atteinte de poliomyélite, maladie virale infectieuse du système nerveux central généralement bénigne, mais provoquant parfois une paralysie des membres (en l’occurrence celle de sa jambe), orpheline depuis l’âge de 3 ans, elle utilise des superstitions pour entretenir son espoir.
L’enquête de Mathilde
Mathilde rencontre le sergent Esperanza, qui a rencontré Manech en janvier 1917, quand il a été condamné. Il a conduit les 5 soldats à Bingo Crépuscule, une tranchée au nom farfelu. Il lui apprend que ceux-ci ne doivent pas être exécutés mais lâchés dans le no man’s land, la terre de personne, cet espace entre les deux tranchées ennemies, très exposée aux tirs de balles et d’obus. Il donne à Mathilde des photos et les doubles des lettres envoyées par les condamnés à leurs épouses ou leurs fiancées.
Mathilde monte à Paris et engage le détective privé Germain Pire, dont le slogan est « pire que la fouine ». Elle l’envoie sur la piste de Tina Lombardi, la gagneuse d’Ange Bassignano, et de Célestin Poux, surnommé « l’écumeur des cantines », chargé du ravitaillement des soldats.
Mathilde appelle un curé, en Dordogne, pour retrouver la trace de Benoît Notre Dame.
Elle va voir Pierre-Marie Rouvière, l’avocat de feu ses parents, qui tente de la dissuader de continuer son enquête.
Elle rend visite à Petit Louis, l’homme à la main de bois, ami de Bastoche. Il lui apprend que celui-ci et son ami Biscotte se sont disputés.
Visite aux archives de l’armée : Mathilde vole des papiers classés secret défense.
Mathilde passe une annonce dans le journal pour avoir des informations concernant Bingo Crépuscule et Célestin Poux, l’écumeur des cantines.
Mathilde reçoit une lettre de Véronique Passavant, la fiancée de Bastoche. Elle a été menacée par Tina Lombardi, déguisée en religieuse. Celle-ci pense que Bastoche est vivant et qu’il se cache, peut-être avec son homme, Ange Bassignano, (le Corse).
Mathilde reçoit une série de lettres sur Célestin Poux.
Visite du détective Germain Pire qui lui apprend que Biscotte, ami de Bastoche, n’est autre que le caporal Benjamin Gordes.
Mathilde va voir Elodie Gordes, qui lui raconte que son mari a demandé à Bastoche de lui faire un 6è enfant (lui est stérile) pour qu’on le renvoie chez lui (épisode de « La femme prêtée »).
Pierre-Marie Rouvière (l’avocat de ses parents) annonce à Mathilde qu’il a trouvé la tombe de Manech au cimetière militaire.
Une nuit, sur son Harley Davidson, Célestin Poux arrive chez Mathilde. Il lui raconte qu’il a vu mourir 3 des condamnés de Bingo Crépuscule, pas Manech. Il lui apprend que Biscotte (B. Gordes) a pris les bottes allemandes de Bastoche pour ne pas qu’il soit tué par les Allemands.
Mathilde se rend à Bingo Crépuscule avec Célestin Poux. Ils découvrent une trappe, la crypte de l’ancienne chapelle.
Mathilde rencontre une femme allemande au café, elle lui apprend que Manech gravait des M majuscules sur un tronc d’arbre et qu’il a échappé deux fois à la mort.
Mathilde rencontre Tina Lombardi qu’on va guillotiner pour le meurtre de deux officiers responsables de la mort d’Ange Bassignano. Elle apprend à Mathilde que les 5 avaient été graciés par le président Poincaré, mais qu’un des deux officiers qu’elle a tués a déchiré le papier.
Mathilde décode la lettre de Benoît Notre Dame à sa femme et découvre qu’il est à Bernay en Seine et Marne (grâce à un nouveau coup de fil au curé).
Mathilde parle à Benoît Notre Dame, qui est vivant qui se cache dans une ferme très isolée échapper au bagne (la grâce de Poincaré a commué sa peine en travaux forcés). Il a pris l’identité (et les bottes allemandes) de Benjamin Gordes. Il a sauvé Manech, en lui faisant prendre l’identité de Jean Desrochelles, un autre jeune soldat qui vient de mourir dans l’attaque de la tranchée allemande.
Mme Desrochelles, très accablée par la mort de Jean, prétend que Manech est son fils. Comme il est amnésique, le stratagème fonctionne. Après la mort de celle-ci, Manech est recueilli par le curé de Milly-la-Forêt, où Mathilde retrouve son fiancé. Ils refont connaissance…
Evaluation finale : L’héroïsme et la guerre.
Document 1 :
Lucien JONAS (lithographie), Douaumont, 25 octobre 1916.
Il s’agit d’un épisode célèbre à l’époque : la reprise du Fort de Douaumont par l'infanterie française.
Document 2 : Otto Dix, les joueurs de cartes, 1920.
Evaluation des compétences de lecture (10 points)
Présentation du corpus
Présentez les deux documents puis indiquez ce qui les rapproche et les différencie. 4 points
Analyse et interprétation :
En quoi le document 1 s’apparente-t-il à une œuvre de propagande ? 3 points.
Analyse et interprétation :
En quoi le document 2 est-il plus proche de la réalité que le premier ? 3 points.
Evaluation des compétences d’écriture (10 points)
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les documents ci-dessus répondez à la question suivante :
En quoi la première guerre mondiale a-t-elle transformé la vision de l’homme sur la guerre et sa façon de la représenter.
Eléments de réponse :
Etude des deux tableaux :
Les deux documents sont des représentations en rapport avec la première guerre mondiale : l’une représente un fait d’arme (la prise d’un fort) l’autre évoque les anciens combattants.
Description :
Le tableau 1 La lithographie est une représentation romantique de l’attaque du fort de Douaumont, au moment de la victoire finale. Les ruines du fort (le nom est écrit à côté du mort allemand) servent de socle à un porte-drapeau exalté, dont la pose triomphante, torse bombé, préfigure les statues des monuments aux morts les plus patriotiques. L’autre élément est ici est la présence de soldats coloniaux, lesquels ont effectivement joué un rôle primordial dans ces affrontements.
Le tableau 2 Ce tableau peint par Otto Dix relate aux populations civiles les horreurs commises pendant la première guerre mondiale. (Huile et collage sur toile mesurant 110×87 cm elle est conservée à la galerie Nationale de Berlin).
Au second plan on trouve sur la droite un porte-manteau , au-dessus des trois hommes sont affichés des articles de journaux allemands qui font référence au conflit Franco-Allemand pendant la première Guerre Mondiale et en haut à gauche du tableau un lampadaire (où l'on distingue une tête de mort) éclaire la scène. Au centre de son tableau on peut voir les trois personnages principaux jouer aux cartes assis autour d’une table à la terrasse d'un café le soir . Le premier personnage, celui de gauche est un homme. On ne peut pas lui donner d’âge tellement sa peau est abîmée. Cet homme est disproportionné, il a une jambe de bois et joue aux cartes avec le pied qui lui reste. Le joueur dont la manche droite est vide, sort de sa manche gauche une main articulée avec laquelle il pose ses cartes sur la table. De son oreille part un tuyau qui lui permet d’entendre la conversation. Il doit avoir perdu l’audition lors de la guerre. Le second personnage, au centre, joue aussi aux cartes. Il lui manque une partie de la peau de la tête: il a été scalpé. Il a deux moignons à la place des jambes qu’il a perdues à la guerre. Si on regarde son corps on voit qu’il n’est fait que d’os, il n’a pas de peau. Ce personnage a un œil de verre et n’a pas d’oreille. Le troisième personnage n’a pas de jambe , il est posé sur une sorte de socle en fer. Contrairement aux deux autres personnages il a ses deux mains mais l’une des deux est articulée comme un robot et l'autre est aussi une prothèse. Sur son veston il porte une croix germanique: signe de ralliement des Allemands.
Commentaire :
Le premier tableau fait penser à de « l’art de propagande » parce qu’il renvoie à l’image héroïque du soldat qui va symboliquement planter son drapeau en signe de victoire (qu’on retrouve souvent dans les guerres). Il représente les valeurs du courage et de l’abnégation. A côté de lui les bons nègres déjà évoqués dans d’autres séquences qui montre que la France est à ce moment-là une puissance colonialiste (autant faire des ponts quand c’est possible avec l’histoire). De ce fait ce tableau n’est pas réaliste alors que picturalement il l’est.
Le second tableau est déroutant : ces joueurs de cartes ont un côté « Frankenstein » : la science peut « mécaniquement » réparer les blessures de la guerre, mais qu’en est-il des autres blessures. C’est je crois une des questions que pose le tableau. Il y a ici la réponse et je vous laisse le soin de développer les cache misère utilisés pour rendre les soldats « visibles » (peut-être faudrait –il montrer es « gueules cassés »). Les joueurs n’ont dès lors plus l’air humain et cela montre bien que la guerre transforme l’homme physiquement et psychologiquement car ils ont l’air de zombies fiers de ce qu’ils sont (ils forment un petit cénacle, arborant leur croix de guerre). Au final c’est ce tableau qui représente le mieux la guerre des tranchées.
On a appelé la guerre 14 18 la der des ders car on ne voulait plus jamais revoir de telles atrocités. Cette guerre a donc modifié le regard des hommes et des artistes sur la guerre et considéré que l’héroïsme guerrier sur un champ de bataille relevait de la folie pure (voir Céline séance 3).
Pour l’expression écrite :
On attend un développement organisé mettant en opposition une vision qui
vise à faire du soldat un héros avec toutes les qualités y afférentes et une vision plus réaliste, basée sur l’expérience de la première guerre mondiale. 2points.
On aimerait que les élèves évoquent une nouvelle façon de représenter le monde à cause de cet épisode sombre de l’histoire. 2 points.
On voudrait que les élèves utilisent le corpus du devoir et celui de la séquence pour donner exemples et arguments. 2 points.
La langue est évaluée comme la syntaxe. 4 points.
1 Cagneux : les genoux rentrés vers l’intérieur, fragiles.
2 Les 5-9 sont des obus explosifs de 150mm
3 Rebond que fait la charrette à cause de l’état de la route
4 D’enthousiasme
5 Désigne la tranchée
37 Rectangle 3 Ministerio de Seguridad de la Nación
3RECTANGLE 1 PART SPECIFICATION TECHNICAL SUPPORT 8003456202 PART 1
5 INSIDE ART IRECTANGLE 2 NSIDE ART 2014 —
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